Ce week-end, le club SGCAF de Grenoble reprend les rassemblements speleo dédiés cette année aux 70 ans de la découverte du gouffre Berger.
Profitant de cette opportunité, 4 membres de l’ASN sont partis à la découverte des cavités du Vercors.
En arrivant à Autrans Meaudre jeudi soir, nous trouvons une concentration inhabituelle de camping cars, vans et autres véhicules habitables. C’est la communauté spéléo.
Les membres du SGCAF nous souhaitent la bienvenue et nous présentent une vingtaine de cavités équipées pour l’occasion. Il y en a pour tous les niveaux. Il semblerait que la traversée entre le Trou qui souffle et les Saints de Glace soit la sortie emblématique du secteur.
On nous avait prévenu que les cavités alpines étaient plus froides qu’en Provence. C’est donc équipés de vêtements chauds sous nos combis, que nous nous retrouvons à l’entrée du TQS (qui souffle vraiment!) à 9h30 vendredi matin. Un puit de 10m nous attend, suivi d’une longue descente dans une galerie ou circule déjà une petite rivière qui commence à nous mouiller les pieds. Mais cette galerie ne dure pas longtemps car la rivière s’enfonce vite nous laissant sur un joli P30 suivi de plusieurs ressauts. Le plafond du conduit s’abaisse pour devenir un toboggan étroit, lisse et glissant dans lequel on passe la tête la première. La descente continue jusqu’aux fameuses bassines du TQS. Aujourd’hui elles ne sont pas trop pleines mais nous devons tout de même ramper avec de l’eau jusqu’au cou sur plusieurs mètres (ce qui achève de nous mouiller). Qui a oublié de vider la dernière bassine? Le tuyau est bien là mais il manque la pompe!
Nous sommes maintenant dans le grand méandre François. On connaissait le méandre du réseau sabre par chez nous, mais là, c’est une autre échelle. On n’en finit pas de glisser dans la boue et de tomber. Il faut vraiment qu’on change ces chaussures. Les spéléos que nous croisons nous donnent leurs astuces. Bottes et chaussettes neoprènes 3mm semblent le standard.
C’est rincé et fatigué qu’on s’arrête finalement dans la salle de la conciergerie. On établit un point chaud et on déjeune. Nous avons largement dépassé notre record de -102m du Cierge à Siou Blanc car nous sommes à -207m.
La progression est maintenant plus facile. Nous traversons de grandes salles et franchissons des chaos immenses sans nous perdre car les jeunes explorent devant. En plus, le chemin est bien indiqué avec de la rubalise. Un peu plus loin, nous arrivons dans la galerie des marmites. Des milliers d’années d’érosion ont créé une succession de bassins sculptés en forme de marmites. Glen en voyant l’une d’elles commence à descendre mais se rend rapidement compte qu’elle est remplie d’une eau si limpide qu’on a l’impression qu’elle est vide. Nous franchissons une trémie et débouchons dans la salle du soupirail. Sur notre gauche se trouve une très belle coulée de calcite haute de plusieurs mètres. Enfin, c’est l’immense salle hydrokarst à -226m. Point final de notre descente. Une corde au bout de la salle nous attend pour la remontée. Un panneau indique « Saints de glace. Sortie! ». Ca sent la fin. Heureusement, car on est bien fatigué. Ca fait déjà 10h qu’on est sous terre!
Il nous reste maintenant à remonter doucement une longue et laborieuse succession de galeries étroites avec des petits ressauts en escalade facile. Les jambes font la grève mais il faut continuer. Tout le monde se motive. Finalement, après des méandres étroits et des puits arrosés par le petit ruisseau que l’on remonte, on débouche sur une salle avec une corde. Est ce bien le chemin? Est-on perdu? Nous sommes déjà sur les lampes de secours depuis un moment. Ca serait bien de sortir bientôt. Ian est déjà monté voir. Il y a une autre corde plus haut. Ca semble correspondre avec le descriptif. Soudain, il crie« je suis sortis. Il pleut ! ». Puis, il nous signale qu’il voit des lumières et un groupe de 4 jeunes arrive à notre rencontre avec du ravitaillement. Quelle soulagement. Déjà 13h qu’on est sous terre. Le café chaud et les beignets aux chocolat qu’ils nous ont apportés nous redonnent l’énergie pour franchir les quelques mètres jusqu’à la sortie. Merci les gars!
Arrivés aux voitures, l’un des jeunes nous propose de repartir pour une sortie spéléo incontournable dont le départ se trouve juste au bord de la route : le trou qui souffle! Ce n’est pas l’envie qui manque, mais nous déclinons gentiment son offre en disant que l’on doit partir car il est quand même déjà 23h.