A la recherche de la Claysse 

Ce dimanche ensoleillé en Ardèche est parfait pour aller explorer le parcours étonnant de la Claysse. On se retrouve Claude, Bruno, Olivier, Ana Luz, Glen et Éric au parking de la Goule de Sauvas. Cette énorme ouverture dans le ravin porte bien son nom, car elle avale la Claysse. Aujourd’hui cependant, une telle ouverture n’est pas nécessaire car la Claysse n’est qu’un petit ruisseau innocent. Claude nous fait remarquer que la Claysse n’a pas toujours plongé sous la terre. En effet, à coté de la route qui passe au dessus du ravin, on remarque que de gros rochers dans le vallon caractéristiques du lit d’une rivière. Claude nous explique, mesures d’élévations à l’appui, que la Claysse passait par là avant qu’elle ne creuse la goule et trouve son chemin actuel souterrain.

Après cette mise en contexte, on se gare à quelques kilomètre plus bas, à la cotepatière. Il s’agit d’un des réseaux supérieurs du gruyère souterrain de la Claysse. Pas besoin de baudrier mais un casque et une bonne lampe. L’entrée est imposante, avec une échelle scellée dans la roche. S’ensuit une longue galerie d’environ 2km dans laquelle on marche sur du sable et des galets, reliques du passage de la rivière. A plusieurs endroits, on observe de belles concrétions et même des ammonites et des rostres de bélemnites fossilisés au plafond. Après deux heures d’exploration, on arrive dans une zone plus humide avec des grandes vasques d’eau et de la boue. Seuls Éric, Olivier et Glen décident de se salir. Bientôt on se retrouve en face du lac Gaupillat. Un canot en plastique est posé contre le mur. Il ne faut pas beaucoup d’hésitation à Glen pour le mettre à l’eau et partir à la traversée du lac! Avec Olivier on se demande ce qui se passe car on entend comme des explosions. On se demande si il ne s’agit pas du son et lumière qui a lieu un peu plus loin dans la cavité, dans la zone aménagée de la Cocalière. Après 10min, Glen est de retour: « non, non, je n’ai pas entendu d’explosion ». Encore une illusion due à la géométrie de la cavité . 

De retour, on va faire un tour à la résurgence naturelle de Peyrejal. A la différence de la cotepatière, la cavité est beaucoup plus humide. On remarque bien que l’eau y circule plus souvent. Les parois sont bien polies et les petits coups de gouges indiquent un débit important. Après quelques centaines de mètres, on butte sur une vire à passer avec des longes… qu’on n’a pas prises. On reviendra… mais plutôt par l’entrée artificielle de Peyrejal pour visiter la suite du lit de la Claysse.

Entrée de la Goule de Sauvas dans le fond du ravin à droite

Saint Marcel d’Ardèche jusqu’au Puit Tonio

Si il y a bien une cavité à voir une fois dans sa vie, c’est Saint Marcel d’Ardèche. Cette cavité compte déjà plusieurs dizaines de kilomètres explorés et ça n’est pas fini. Avec l’ASN, nous avons réservé la clé au CDS07 pour le vendredi 10 mai. Avec Olivier, Ana et Glen on campe à Saint-Martin d’Ardèche, la veille. Daniel, Agathe et Claude arriveront de Vitrolles le samedi matin directement.

On profite de la belle journée du vendredi pour randonner le long de l’Ardèche, jusqu’à l’entrée naturel de la grotte St Marcel à 2.5km du camping. Le sentier est magnifique et je me baigne même malgré la température un peu fraîche.

Samedi matin toute l’équipe se retrouve à l’entrée commerciale de la grotte avant l’ouverture. Depuis quelques années, l’entrée ne se fait plus par l’entrée naturelle, mais par une porte de secours dont une clé est conservée par le CDS07. Elle donne directement dans le long couloir artificiel et qui descend vers la grotte aménagée. L’intérieur de la cavité incroyable, il s’agit d’un tube dans lequel circulait la rivière. Il fait moins 15 m de large et 5 m de haut. Sur les murs, on remarque encore les coups de gouge qui trahissent le passage de l’eau.

Nous remontons donc le réseau sur quelques centaines de mètres en admirant au passage le trou d’enfer et la chapelle gothique. Nous passons sans problème le passage de désobstruction de Joly. Et après quelques dizaines de mètres, nous arrivons à une énorme salle. Tout droit légèrement sur la gauche le réseau IV. Nous prenons à droite et continuons dans le réseau I. La galerie continue toujours aussi large. On monte une échelle d’une dizaine de mètres et débouchons dans la salle des repas. Tout droit sur la droite une galerie conduit à un P10 qui n’est pas équipé. Daniel nous avertit alors qu’il a trouvé la galerie parallèle qui permet de l’éviter. Sur le plan est indiqué un toboggan de 8 m. Il se trouve qu’en fait, il s’agit d’une main courante inclinée terminée par un petit puit equipé. Nous le descendons sans problème et continuons accroupi car la galerie se rétrécit. Elle débouche cependant rapidement dans la galerie principale derrière le P10.

Nous poursuivons l’exploration, la chaussée des géants et prenons une galerie sur la gauche qui nous conduit au puit Tonio, ou nous nous arrêtons pour déjeuner. La galerie supérieure est très belle et concrétionnée. 

Sur le retour on hésite à partir sur le réseau IV mais ça va faire trop long. C’est déjà une belle sortie de 7h. On reviendra.

Belle balade le long de l’Ardèche jusqu’à la plage sous la grotte Saint Marcel

Progression au milieu de la grotte de Saint Marcel. On voit les coupes gouge sur les bords et au plafond trahissant le passage de l’eau

Passage de la deuxième échelle dans le réseau I
Stalactite creuse
Joli orchidée du pendu trouvée par Claude à la sortie de la grotte

La mine de bauxite de Mazaugues

Vendredi dernier Ana, Glen, Eric et Claude sont allés faire un tour du côté de Mazaugues. C’était l’une de leurs premières sorties il y a trois ans. Avec Matthieu et Laura, ils étaient rentrés par une galerie artificielle qui donne sur les gorges du Caramy. Cette fois, l’idée était de rentrer par  le Gouffre Marcel Loubens, d’explorer la mine de bauxite désaffectée et de poursuivre la descente jusqu’au canal de Marseille. En tout, un P19 et un P17, les deux équipés sur broches. 

Bien que caché sous des gros rochers au bord du chemin, le premier puit n’est pas difficile à trouver. En bas sur la gauche, passe une galerie de la mine et sur la droite au-dessus d’un petit ressaut, la suite de la cavité joliment concrétionnée. Nous partons tout d’abord sur la gauche pour aller explorer cette fameuse mine. Au bout d’une centaine de mètres, nous débouchons dans l’énorme salle de dépilage. Durant la période d’exploitation, c’était l’endroit où la roche était broyée avant d’être envoyée à Gardanne pour produire de l’aluminium. 

La taille de cette salle est très intimidante. Même avec la lampe au maximum, on ne voit pas les murs. La répétition des piliers de soutènement tous les 20 m dans toutes les directions pourrait facilement conduire à s’égarer. Heureusement au sol, un chemin bien marqué est balisé avec de la rubalise. Il parcourt la salle en U et nous conduit à une autre galerie d’extraction qui se termine sur un cul-de-sac. Sur le chemin nous pouvons admirer de petites concrétions qui se forment au mur et au plafond. C’est incroyable te voir à quelle vitesse la nature reprend ses droits.

De retour au pied du P19, nous passons dans la cavité naturelle où nous nous arrêtons pour déjeuner. Je poursuis la progression vers le P 17, mais personne ne souhaite me suivre, car il faut franchir au moins trois étroitures avant d’y arriver. 

Pendant que Anna et Claude remontent à la surface, nous allons explorer un autre passage avec Glen. À 10 m du P19, au bout de la galerie artificielle, se trouve un petit ressaut d’environ 1,5m, après lequel démarre une autre galerie naturelle. Sur la gauche, un beau puit est équipé avec une main courante (1 spit et un AN) et 3 spits en tête de puit. Je m’y engage avec la corde de 24 m qui me restait à laquelle j’attache une petite corde de 8 m que j’avais aussi emportée. Après une quinzaine de mètres, j’arrive sur une plateforme. Le puits continue sur la droite. Il est équipé avec un spit et un AN. Il s’agit en fait d’une belle faille dont je n’atteint malheureusement pas le fond car la corde est trop courte. Il me manquerait bien une dizaine de mètres. Tant pis, ça sera pour une prochaine fois.

De retour à la surface, Ana et Claude nous attendent. Aujourd’hui c’est à nous de payer le café. On est arrivé un peu en retard ce matin. Ça sera sur la terrasse du Ô métissage dans le joli petit village de Mazaugues.

Sur le bord de la galaxie de la mine, est concrétions sont en train de se former
L’intérieur de l’immense salle de dépilage. Nous suivons le chemin marqué avec de la rubalise
Vue verticale du puit non documenté, avec la corde qui remonte vers le frac. Ce puit descend dans une belle fissure.

Cercueil ou résurrection ?

Ça n’est pas une blague, il y a vraiment deux cavités côté à côté sur le plateau de siou blanc avec ces noms. D’après la topo, il s’agit en fait de deux entrées de la même cavité, qui se termine à -150m dans une grande et belle salle concrétionnée. Par contre, y arriver nécessite le passage de multiples étroitures. 

Mardi, je reçois un message des collègues du SCAM. Quentin et Guillaume ont l’intention de faire le fond. C’est une opportunité à ne pas louper car ce n’est pas au goût de beaucoup. Cécile du club de Grans est aussi de la partie. Dimanche matin, derrière les voitures, chacun a ramené du matériel de son club et on fait les kits. Je me rends compte que j’ai oublié une corde, mais finalement on n’en aura pas eu besoin.

Quentin et Guillaume sont à l’équipement… parfois sommaire du fait du manque d’amarrages. Bien qu’étroite, la descente se passe dans la bonne humeur, jusqu’au moment où je me coince dans un étroiture verticale. En me glissant les pieds en avant et les mains sur le descendeur au niveau du ventre, je me retrouve bloqué. J’ai embarqué sous mon aisselle, la corde de main courante d’accès au puit. Heureusement j’ai un peu de débattement avec mes mains et j’arrive à crocheter mon patin à la corde. Je trouve aussi quelques prises de pieds pour me pousser vers le haut. Petit à petit, j’arrive finalement à m’extirper. Je me libère alors de la main courante et je reprends la descente, cette fois sans encombre. 

L’arrivée en bas est incroyable. Après toutes ces étroitures, le puit final s’ouvre sur une vaste salle au palier de laquelle on accède par un petit pendule. De là, deux options s’offrent à nous. A gauche, une galerie sans grand intérêt, à laquelle on accède en installant une main courante pour passer un puit borgne d’environ 6m. À droite, une succession de grandes salles aux planchers effondrés par endroit, mais également magnifiquement concretionnées. Des fils au sols préservent le lieu en délimitant le chemin de progression. Après environ 10min de marche, on arrive au siphon final près duquel se trouve une énorme méduse de calcite. Elle est si grosse qu’on peut se glisser derrière et faire des jeux de lumière à travers ses tentacules. 

Apres cette séance artistique, il est temps de remonter. Comme attendu, la remontée prend du temps. Le pantin nous sauve la mise à de multiples reprises. Avec patience, on remonte les etroitures verticales centimètre par centimètre. Finalement tout le monde est dehors apres 8h d’exploration tout de même assez éprouvantes. 

Magnifique Thipauganahe!

Très belle sortie prévue aujourd’hui! On se retrouve au col de l’ange avec Glen, Daniel et Olivier pour descendre au fond du Thipauganahe à -123m. La difficulté du jour, c’est le magnifique P86 fractionné en 3 tronçons, dont le dernier en fil d’araignée sur 40m. C’est l’une des plus grosses cavités de la région. 

L’entrée se trouve au début du plateau de Siou-Blanc, au milieu des arbres. Il fait partie des trous où la marche d’approche — très longue — fait 60m! 

La lecture de la cavité est assez facile car tout est broché jusqu’en bas. Je m’engage à l’équipement, suivi de Glen, Olivier et Daniel qui ferme la marche et ajuste les noeuds en cas de besoin. 

Je n’ai pas exactement les cordes recommandées sur la topo. J’équipe la main courante avec une corde de 8m, puis le reste avec une corde de 55m. J’enchaine alors le puit d’entrée, le pan incliné, et une première série de puits qui finissent dans une salle d’une dizaine de mètres de diamètre. Je me demande où se trouve la suite. En fait, elle est cachée sous moi. Un pan incliné part sur la gauche, puis à droite dans une ouverture à l’horizontal d’environ 1.5m de haut. Ma corde de 55m arrive tout juste au départ du P86. Derrière moi, Glen m’apporte le kit avec les 3 cordes pour la suite.

La partie haute du P86 fait 3 – 4m de diamètre, et ne permet pas de voir le fond. Même si il y a des broches, l’équipement n’est pas si évident car il faut quand même choisir les bonnes! La descente des puits est vraiment sympa et l’arrivée en haut de la grande salle est incroyable. C’est énorme. En descendant, l’eau coule sur la gauche. J’équipe donc une main courante et je pars sur la droite où je repère 2 broches assez éloignées, mais assez en hauteur pour que le grand Y soit assez confortable, notamment à la remontée. 

Après 40m en fil d’araignée, j’arrive dans l’eau! Le chemin marqué avec des fils est impraticable. Il a beaucoup plu les jours précédents. Glen arrive puis Olivier et Daniel. On fait un grand tour pour rejoindre l’autre extrémité où on remonte une grande coulée de calcite glissante équipée d’une corde à noeuds. En haut, dans la deuxième grande salle, les draperies et concretions sont vraiment énormes. Elle descendent du plafond qui doit être à 15-20m au dessus de nous.

On mange là, sur le balcon à admirer la cavité, puis c’est le temps de rentrer. Remonter tellement d’un coup est un peu une première pour Olivier, mais en prenant son temps, ça passe tout seul. 

TPST 4h30. C’est tellement beau que ca vaudrait le coup de retourner.

Olivier qui descend dans la grande salle en fil d’araignée. En bas, le chemin marqué avec les fils est sous l’eau.
Vue du fond de la grande salle. Olivier au fond donne une idée de la taille.
Les fameux orgues dans la deuxième grande salle en haut de la grande coulée de calcite.

La grotte du vallon de Mauvelle est-elle bouchée? 

Étonnamment il y a peu de cavités dans le massif de l’étoile et elles sont souvent assez concrétionnées. La grotte du vallon de Mauvelle fait partie des grottes étroites et verticales. La topo de C. Reynaud date de 1954 et indique l’arrêt sur un bloc à 28m. 

Mercredi, fin d’après midi après le boulot, nous voilà parti du parking de la Montade à Plan de Cuques avec Glen. Il est 17h30. Nous arrivons à l’entrée 20min plus tard. Plusieurs amarrages naturels dans le rocher me permettent d’équiper l’entrée et le premier ressaut de 5m avec des sangles. En bas, un début de main courante est équipée avec deux vieux spits, de même pour Le P15 qui suit. D’après la topo, il y a ensuite deux options. Descendre sur le palier au fond du P15 et continuer par une ouverture en face ou bien prendre la lucarne qui s’ouvre sur la gauche à 3m du fond. C’est cette dernière solution qu’il faut prendre car le passage est plus large et équipé avec 2 spits. Dans le P12 qui suit, je met une petite déviation pour éviter un frottement. Ça se rétrécit. J’arrive alors sur le fameux palier du fond, mais contrairement aux attentes, l’étroiture impénétrable a été élargie et la descente peut continuer. Il y a même deux spits pour équiper la tête du puit. C’est étroit. Je préfère utiliser un AN et un spit pour limiter les frottements. Descendeur sur la poignée au dessus de moi, je me glisse dans l’étroiture. Il y a des pieds pour remonter au cas où. Ça passe et 1m en dessous le puit s’élargit légèrement. C’est l’enchaînement des surprises. Je découvre une corde en chanvre qui descend sur un ressaut de 5m. Elle doit bien avoir 30 ou 40 ans! Heureusement que j’avais une corde de 55m. Elle s’arrête juste au fond. Je dois être à -40m. 

Au fond, une bouteille en plastique, une vieille lampe acétylène et le boîtier cassé d’une vieille lampe de poche. Difficile de croire que ça continue à descendre. Un conduit horizontal de 50cm de haut et 2m de long mène à une petite salle concretionée. Un gourd cassé suggère la présence d’eau stagnante. Une photo prise à bout de bras montre que le plafond s’ouvre dans une faille impénétrable. Glen me rejoint au fond pour s’assurer qu’il n’y a vraiment pas de suite. Il faudra revenir pour faire une topo précise. TPST 2h.

Conduit horizontal au fond d’environ 50cm de haut, qui mène sur un gourd cassé en noir.
Photo prise à bout de bras vers le plafond concrétionné au dessus du gourd. On devine une faille impénétrable.

Formation à Albion

Quand on se fait mal en randonné ou en escalade, on appelle les pompiers qui viennent nous chercher. Sous terre, on évite de se faire mal car les secours (qui ne sont autres que les copains de spéléo formés au secours par la SSF) mettent plus longtemps à arriver. Pour éviter les problèmes, la fédération française de spéléo s’assure donc que ses adhérents dans les clubs sont bien formés.

Pendant les vacances de février, je suis allé me préparer au diplômé national d’initiateur. Ce diplôme est nécessaire notamment pour organiser les sorties initiations. Le stage d’une semaine avait lieu à St Cristol d’Albion dans le Vaucluse. Nous avons été super bien reçu en pension complète par Harry et Marie Lancaster dans leur gîte de l’ASPA.

Le planning quotidien était bien rempli: petit dej à 7:30 et préparation du picnic, départ pour les cavités à 8h15 par groupe de deux, avec un encadrant, moniteur national ou diplôme d’état, équipement des cavités  et exercices d’auto secours jusqu’à 17h, retour et rangement du matériel, douche, réunion ou présentation à 18h, dîner à 20h, préparation des kits pour le lendemain à 21h et couché vers 22h30. Autant dire qu’après une semaine à ce rythme, nous avons pu parcourir plein de galeries, et équiper de nombreux obstacles. Les encadrants étaient excellents. Ils arrivaient à la fois à suivre celui de nous deux qui équipait et en même temps, ils transmettaient des connaissances à celui qui attendait derrière.

L’ambiance au gîte était très bon esprit. Il y avait beaucoup de moments de partage pour discuter les journées de chacun, préparer les affaires ensemble et le dernier jour, on s’est tous regroupé pour laver le matériel à la rivière. Les repas étaient très généreux et je soulignerais l’excellente soupe au pistou et les morilles cueillies par Harry dans la sauce du premier jour! Excellent. 

Ce stage a été pris en charge par le club (merci la mairie de Vitrolles), le comité départemental de spéléo et canyon (cdsc13.fr)  et le comité de spéléo régional (csr_sud.fr).

Isabelle à l’équipement du P95 dans le Caladaire, supervisée par Camille.
Sur la gauche, dans le grand P95, on observe les gros silex noirs

Le camp du Saint Cassien

Pour paraphraser Charles dans son blog sur le Saint Cassien1 : cette cavité est notre vrai, petit grand trou du secteur. Elle se développe jusqu’au siphon à -320 m et possède tout d’une grande cavité : des puits, des méandres et de belles concrétions.

Ce dimanche, Matthieu a proposé de descendre à la salle du camp à -100 m. On est Matthieu, Laura, Antony, Olivier et moi. Tout est équipé sauf les trois premiers puits qu’on équipe avec Matthieu. Dans le troisième puits de 28 m, une corde (la blanche), et tonchée et ne descend pas en bas. On prend la rouge.

Au passage, on admire les belles stalactites qui longe la descente sur une quinzaine de mètres.

On arrive tous à la salle du camp juste à l’heure où les où les ventres ont faim. On discute en regardant le début du petit méandre. Ça sera pour une prochaine fois. C’est trop mouillé aujourd’hui. Il pleut dans la salle de la pluie!

En remontant, on ne manque pas de pester dans la chicane verticale en haut du P22.

Belle sortie ! Il faudra revenir pour aller au fond quand ce sera plus sec. 

  1. https://scpa-escandaou.com/2022/01/petite-visite-guidee-en-images-au-saint-cas.htm ↩︎

Traversée du Salto del Soldado au Chili

Cet hivers, avec Felipe, un collègue du Chili, nous sommes allés équiper une traversée en escalade dans le Salto del Soldado au Chili. Cet endroit mythique de la cordillère des Andes, à 1200m d’altitude et 28km de la ville de Los Andes, se situe en contrebas de la route internationale qui relie le Chili à l’Argentine. Il s’agit d’un canyon d’environ 9m de large, 70m de haut, 200m de long, au fond duquel coule le torrent Juncal. D’après Gerhard Abele (1984), cette curiosité géologique proviendrait de l’effondrement puis de l’érosion d’un énorme bloc rocheux, suite à un tremblement de terre, très fréquents dans cette région. Son nom provient d’une légende qui raconte que le 11 octobre 1814, un soldat indépendantiste chilien sauta à cheval les 9m séparant les deux rives du canyon, s’échappant ainsi de la cavalerie espagnole qui le poursuivait. En aval du canyon, des fouilles archéologiques ont révélé les ruines d’un tambo inca (enclos en pierre à bétail).

Un autre aspect de cet endroit est la voie ferrée qui le traverse par le biais de trois tunnels et deux ponts. Cette ligne, produit d’une lubie des frères Clark, fut construite à la fin du XIXe siècle. Elle reliait le Chili et l’Argentine par le biais de plusieurs ponts, tunnels, et crémaillères, avec un passage à plus de 3000m d’altitude. Aujourd’hui, la partie haute a été détruite par les avalanches. La partie basse est encore utilisée pour le transport de produits de la mine, située à quelques kilomètres au dessus du Salto del Soldado.

Deux options furent explorées pour percer les tunnels dans le Salto del Soldado, et c’est la rive sud qui fut choisit pour creuser le tunnel principal, d’une centaine de mètres. Cependant sur la rive nord, des vires et des tunnels étroits à une vingtaine de mètres au dessus du torrent, suggèrent des restes d’exploration. C’est ce qu’on s’est mis en tête de sécuriser cet hivers.

L’opération se déroulera en deux jours. Le lundi 24/12, nous équipons les premiers 30m. Le départ se fait du pont du train en amont du canyon. Heureusement, ce dernier ne passe qu’une fois par jour vers 20h. Avec un peu de fierté, je plante mon premier goujon pour sécuriser le bas de la petite escalade de 3m qui mène à la première vire. Et évidement, comme il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers, le deuxième goujon en haut de l’escalade rechigne à s’enfoncer et tourne dans son trou au lieu de se bloquer, ce qui m’oblige à en mettre un deuxième à côté. Felipe m’assure du bord du pont.

Après 5m de vire, je me trouve dans le premier tunnel de 3m de long, au milieu duquel j’installe un 3e point. Soudain, à mes pieds, se mettent à bouger 2 poussins. Il y a aussi des petits œufs blancs. Nous sommes tombés sur des nids de pigeons!

A la sortie du tunnel, j’installe un point avant et après un passage de 3m un peu plus engagé. La suite est plus tranquille, avec une vire étroite mais bien marquée qui se termine à l’entrée du deuxième tunnel de 5m, où j’installe un relais. D’ici, je peux voir la progression de Felipe sur cette première longueur d’environ 30m. Malheureusement, au moment de percer le trou pour le deuxième point du relais, le perfo s’arrête! Plus de batterie. Il faudra revenir.

Jeudi 26/12. Avec Felipe, on a réussi à libérer la journée. Cette fois, il a loué un pack supplémentaire de batteries et s’est assuré chez lui qu’elles étaient bien chargées. Rapidement, j’atteins le relais inachevé le premier jour. Alvaro, un copain de Los Andes, qui est venu mardi a fini le trou au tamponoir et a posé le point manquant. J’assure Felipe qui me rejoint.

Derrière le tunnel, la vire est large. Elle continue sur 6m puis disparaît dans les courbes du canyon. J’installe un point à la sortie du tunnel, je poursuis jusqu’au virage où j’installe un 2e point. La vire qui suit est aussi large mais elle se trouve recouverte sur un dizaine de mètres par un éboulis, provenant peut-être d’un toit au dessus dans le canyon qui s’est partiellement effondré avec les tremblements de terre. Je traverse avec précaution et j’atteins un replat où j’installe un deuxième relais. Il y a une 30aine de mètres depuis le précédent. Au retour, je poserai quelques points supplémentaires pour améliorer la sécurité.

Felipe me rejoint, se longe et me reprend sur son descendeur. Je continue sur la vire toujours bien large et creusée dans le flanc du canyon. Au bout de 8m, elle tourne et à ma grande surprise, s’arrête! Devant moi, en contre-bas, un énorme toit. La vire arrive sur le côté, à environ 4m du sol. Une tige en acier plantée dans le mur suggère que les ouvriers se laissaient descendre à cet endroit. Je n’ai pas d’autre choix que d’installer un relais au dessus du vide, assez haut pour s’encorder confortablement pour la descente.

Une fois le relais posé, Felipe me rejoint. Je pose la corde pour descendre. Sous moi, se trouve un surplomb que je ne suis pas sûr de pouvoir remonter. J’installe donc un point dans la descente, juste au dessus du surplomb et j’y pose une dégaine pour me tracter à la montée si besoin. La traversée à l’air de continuer de l’autre côté du toit, avec un ressaut facile. Je propose à Felipe de passer une longue cordelette pour remettre la corde en moulinette au retour. Au bas de ce passage, je vais pour poser un point pour l’assureur, quand je me rends compte qu’il s’agit de mon dernier goujon! L’exploration s’arrêtera ici pour cette fois.

Vue du fond du toit, avec le chemin à équiper en rouge au dessus du torrent Juncal.

Ce toit est suffisamment profond et plat pour me permettre de me desencorder en sécurité. Au fond, une galerie est creusée dans le rocher. Je vais jeter un coup d’œil. Là encore, les pigeons se sont installés. Finalement, elle est très courte. Au plus, 4m de long et 1m70 de haut. En face, sur l’autre flanc du canyon, un autre toit, plus petit correspondant probablement à une ancienne vasque creusée par le torrent il y a longtemps. On aurait envie d’y grimper, d’autant qu’environ 20m au dessus il semblerait y avoir d’autres toits plus au soleil. Parfait pour un beau site d’escalade!

De retour au pont du train, je traverse le tunnel ferroviaire à pieds pour rejoindre l’aval du canyon. De là, je me rends compte qu’il manque encore une bonne 50aine de mètres de vires et de tunnels à équiper! Une boîte de 20 goujons devrait faire l’affaire. Ça sera pour le prochain voyage! 

Le lapin couillu de la Saint Victoire

Ce matin, il fait beau sur la Sainte-Victoire. Claude nous a donné rendez-vous à 9h30 au parking en dessous du Col des Portes pour une rando de décrassage après notre ascension des calanques l’avant veille! Quelle énergie ce Claude! 

Il n’y a pas encore trop de monde au parking. Claude nous attend (encore une fois.. un jour on arrivera à l’heure, promis). Il a « réservé » une place à coté de sa voiture. La ballade prévue doit être courte, car on doit repartir vers 13h. Le chemin part au milieu des arbres. On cherche les champignons comestibles, mais il n’y a rien. A croire que d’autres sont passés avant nous! Après quelques centaines de mètres, le chemin part à gauche, et commence à bien monter. On y va doucement, en discutant champignons, cailloux, géologie, etc. Derrière nous, sur les promontoires en face, Claude nous raconte qu’il y avait des oppidums romains pour surveiller la vallée. Au loin, on distingue le mont Ventoux avec son sommet blanc. 

Arrivé cent mètres sous le pic des mouches, on vire à droite, et on part dans la garrigue sur les chemins de biquettes. Au passage d’une crête, on tombe sur deux rochers qui forment au choix: deux oreilles de lapin, ou… deux testicules. C’est le passage du lapin couillu! 

Passage obligé entre les deux rochers du lapin couillu

Plus loin, Claude nous conduit à son trou éponyme. La corde d’explo est encore là, mais plus en très bon état. La prochaine fois, il faudra venir avec une nouvelle mais aussi avec un petit pot de peinture, la rouille est à l’oeuvre sur la grille qui protège l’entrée. 

Entre du trou CB protégé par une grille

Soudain, on entend puis on aperçoit sur le flanc de la colline en face, des chiens de chasses. Puis derrière nous, apparait un chasseur avec son fusil en bandoulière, qui s’éloigne rapidement derrière la crête. Le bruit cesse quelques instants, quand Glen nous montre un chevreuil qui traverse à 50 mètres en dessous de nous. Il a semé ses poursuivants! 

Nous reprenons notre périple encore quelques minutes pour arriver à son terme: les lecques. Ce sont d’impressionnantes langues de rocher lisses qui s’élancent vers le ciel. Des strates de calcaires poussées à la verticale pendant la formation de la Sainte Victoire. D’ici on peut les apercevoir sous un angle de vue que peu de gens connaissent. 

Les Lecques de la Sainte Victoire

Sur le chemin du retour, Glen et Eric montent vite fait au pic des mouches puis au garagai de Cagoloup, le plus gros du département. Effectivement, l’entrée est impressionnante. On essaye de repérer des spits pour une descente future, mais je crois que l’intérêt de la cavité est si limité, et la marche d’approche si longue, que personne ne s’est donné la peine d’équiper correctement.

Puis, c’est le moment de rentrer. En descendant, nous croisons tout un tas de familles, randonneurs, trailers, etc. C’est la ballade classique du weekend. Arrivé en bas, les parkings sont pleins. On part rapidement car il est déjà 14h. Ca fera de la place pour les suivants. Merci Claude pour cette belle découverte!