Comme ces compte-rendus peuvent être lus par des non adhérents, il est bon de préciser que celui-ci ne fait preuve d’aucune agressivité, mais seulement d’humour. Le contrat que je me fixe pour mes randos sont: On marche au pas du plus lent, (ce que je suis devenu la dernière demi-heure…),on revient à la voiture (ou au gite) avant la tombée de la nuit Contrat rempli pour celle ci! Certes, un tel titre n’a pu être choisi que par un accompagnateur particulièrement aigri. Pour un amateur de vin comme moi, il pourrait s’agir d’acide acétique, ou, pour un participant mécontent, du fiel transporté par le fleuve de sa rancœur.
Mais ici, il s’agit juste de l’acide lactique accumulé dans mes muscles endoloris. Je ne peux m’en prendre qu’à moi, et à ma tendance à satisfaire toutes les demandes de mes compagn(es)-ions d’aventure.
Celle ci a été faite avec Anthony, compagnon d’aventure fiable très apprécié et toujours de bonne humeur. Je sais donc qu’il m’en voudra pas de l’avoir malmené dans ce compte-rendu parce qu’il m’a mal-mené sur le circuit: Comme nous n’étions que deux, toutes les fantaisies étaient permises.
La rando proposée était « Buoux, le long de l’Aiguebrun, rando calme au début, puis petite dénivelée, durée suivant les envies » (je prévoyais entre 3 et 5 heures).
Quelle imprudence que cette suggestion de possible allongement!
Tout avait bien commencé pourtant, le petit parking des « brigands »était libre, donc pas de marche sur la route pour atteindre le très joli et bucolique sentier le long de la rive de l’Aiguebrun. C’est seulement arrivés à un portail qu’un choix fut nécessaire. Je proposais de prendre le petit sentier avec les panneaux indiquant « Buoux-Sivergues » alors qu’Anthony voulait suivre le beau triple balisage « GR+GR de pays+ jaune », bien plus rassurant que deux petits et antiques panneaux de bois.
Nous suivîmes donc la piste, pour nous retrouver sur la route, avec un beau panneau routier « Buoux 3.5 Km ». Arrivés à un croisement « château de Buoux » Anthony voulait prendre cette nouvelle direction, et une longue discussion fût nécessaire pour le convaincre (?) d’y renoncer. L’argument principal étant que le trajet sur route allait en être rallongé, et que le château en question était juste le château de l’environnement (parc national du Luberon) auquel on pouvait accéder autrement.
Nous voici donc grimpant la route triplement dangereuse, (automobiles, soleil, chûtes de pierres, (ce n’est pas moi qui le dit, mais un panneau routier, et quand on voit les blocs tombés de la falaise de part et d’autre de la route, de la taille d’un cabanon, il y a de quoi s’inquiéter!). Un randonneur « TéléphoneGPS » complètement perdu, que nous avons (peut-être) remis sur le droit chemin, puis un joli lavoir dont seul le petit bassin est en eau, nous propose son ombre, sa fraicheur et le confort de son rebord incliné pour nous restaurer
Deux grenouilles nous observent.
De petites guêpes volètent de-ci de-là, c’est très reposant. Vin proposé par Anthony, puis gâteaux arabes de ma voisine accompagnés d’un petit verre d’un vieux muscat de Baume de Venise, café, et nous voilà de nouveaux debout, plus ou moins stables.
Anthony souhaite voir la chapelle Ste Marie, et nous voilà repartis. La voici, jolie construction au milieu du cimetière. Nous faisons le tour des tombes pour lire les épitaphes, des plus classique (souvenir…) aux plus originaux (un beau poème indien), et la plus étrange (une plaque offerte par des chats…).
Nous voici revenus sur la route pour essayer de rejoindre le fort de Buoux et le cours de l’Aiguebrun. Enfin une piste balisée GR et GRP semble se diriger dans la bonne direction. Nouvelle intersection, nouveau choix entre la piste et son balisage GR et GRP sur la carte, et un petit sentier sur la droite. J’arrive à convaincre Anthony (qui tient la carte), que la piste n’est qu’un détour pour rejoindre le sentier, puisque l’Aiguebrun, qui coule en contrebas de la falaise est à notre droite, et que la piste va en sens inverse. Peu de contestation cette fois, (le soleil et la fatigue aidant…) et quelques mètres après, nous voyons un balisage qui confirme que ce choix était le bon.
Des vues vertigineuses sur la falaise fréquentée par les grimpeurs du monde entier, et c’est incroyable de voir à quel point un arbuste qui n’a rien de remarquable puisse devenir un ami apprécié quand on se penche au dessus du vide. Le sentier descend enfin vers le vallon. Nous retrouvons le cours d’eau, et une grande piste qui deviendra rapidement une route goudronnée. Je ne reconnais plus rien, alors que je suis venu maintes fois affronter ces belles falaises avec mes chausson de grimpeur…il y a une cinquantaine d’années…
Nous rencontrons un panneau qui nous donne la direction de Sivergues, mais Anthony m’indique qu’il n’a aucune envie de pousser jusque là et je l’approuve chaleureusement.
Bon, il ne reste plus qu »à trouver le fort. Toujours avec la carte, Anthony décide que la piste qui prend à gauche doit y mener: J’exprime mon scepticisme, mais comme tout est différent de mes souvenirs, j’accepte de le suivre. Rude montée, qui nous conduira à un ancien champ, et n’ira pas plus loin. Redescente, et je justifie mon scepticisme en indiquant qu’à mon avis, l’accès au fort doit être indiqué puisqu’il se visite. 1 millimètre après (sur la carte), nous arrivons à un parking « réservé aux visiteurs du fort », et un grand panneau avant la piste d’accès, nous donne toutes les informations nécessaires…
En avant pour la conquête du fort. Nous arrivons à un fantastique surplomb qui était, lui, bien présent dans ma mémoire, même si je ne le situais pas exactement là…
Puis l’accueil du fort, (pas très sympathique le bonhomme), il nous reste presque une heure pour le visiter, mais même si nous dépassons l’heure de fermeture, ce n’est par grave, car on pourra enjamber la barrière pour ressortir.
Visite du fort, toujours gigantesque et impressionnant, mais bien plus fatigant que dans mes souvenirs. (Je deviens conscient que les douleurs et la fatigue que je commence à ressentir n’existaient pas jadis quand je faisais cette visite…). Nous faisons le circuit complet, tours, douves, remparts, église, citernes, silos, habitations, et terminons notre visite en empruntant au retour l’escalier dérobé, fort raide, (trop, me disent déjà mes genoux…).
La vue à partir du fort est tout aussi impressionnante.
Nous voici de retour sur la route, et cette fois j’indique clairement qu’il nous faut trouver rapidement un sentier qui longerait le cours de l’Aiguebrun sans retour sur la route principale. Nous trouvons un départ qui parait convenir au bout de quelques minutes, mais à une nouvelle intersection, j’envoie quand même Anthony en reconnaissance pour être sûr de ne pas torturer inutilement mes genoux qui menacent de faire grève. C’est toujours bon, et nous retrouvons assez vite le portail de la discorde. Surprise, nous sommes sur le chemin avec les petits panneaux qui n’avaient pas convaincus Anthony!
La suite est sans problème, et les brigands n’ont pas volé la voiture. Nous avons marché 9 heures, mais quel plaisir d’avoir vu tant de belles choses! Cette rando m’a permis de tester ma forme, de constater que la simplification du balisage des sentiers par les départements a conduit à en supprimer beaucoup, et que les ancien balisages patiemment réalisés par des randonneurs passionnés étaient bien plus précis!
Dimanche 16 juin 2024
Suite: Mercredi 19 juin. Les plus observateurs se seront demandé comment j’ai pu faire des photos du fort alors que j’étais dedans? En fait le dimanche, je n’avais fait aucune photo. Je suis donc reparti à l’aventure pour trouver le point de vue probable repéré sur la carte. environ 50 mn aller retour Malheureusement (?) j’ai décidé ensuite de continuer le petit sentier fort sympa, puis d’aller voir le sommet là-bas..et les 50 mn se sont transformées en 4 heures, j’ai perdu un sentier qui s’était lui même perdu dans les broussailles….mais j’ai vu des choses fort sympa!
Claude.